Simon et Romain de Diesbach
L’oeuvre : [I]
À la fois écran et miroir, écrin de l’identité de chacun, le téléphone portable est objet de mémoire et d’illusion. Portable et écran sont la marque de notre époque et sont marqués de nos empreintes. Leur omniprésence infiltre littéralement le moindre interstice de nos vies quotidiennes, rendant possible la capitalisation du temps libre. Ce faisant, ils nous lient à une forme d’instantanéité tout en nous éloignant de l’instant présent, nous tenant à la lisière entre l’univers virtuel et matériel.
Le portable est l’objet d’une attention quasi constante : nous le protégeons, lui parlons, l’autorisons à se souvenir des moments de nos vies et à informer des tiers de nos moindres déplacements, si bien que son absence provoque une sensation d’incomplétude. Paradoxalement, en proie à l’obsolescence, il devient très vite remplaçable : son statut d’objet précieux et essentiel bascule rapidement vers celui de déchet, d’artéfact technologique dysfonctionnel, couvert d’un film graisseux témoignant d’une manipulation compulsive. Ces vitres – éclatées en étoile, enlisées dans du béton, telles les traces fossiles d’un temps passé – nous ramènent à notre conditionnement face aux GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple). Redevenant simples miroirs physiques, elles nous rappellent également la fin éventuelle de notre identité numérique.
Les artistes
Nés respectivement en 1981 et 1987, Romain et Simon de Diesbach collaborent pour la première fois dans le cadre de l’exposition « Baie Vitrée » en 2017 à la Villa Bernasconi de Genève. Formé en bijouterie et design, Romain poursuit des projets de modélisation d’objets et de design d’intérieur au Burkina Faso. Il travaille actuellement pour l’association Materiuum basée à Genève.
Après un bachelor à l’ECAL (École Cantonal d’Art de Lausanne) en Media & Interaction Design, Simon co-fonde en 2014 une société active dans les projets d’innovation interactive et de réalité virtuelle. En 2018, il quitte le studio pour être indépendant, motivé par une envie de développer des projets plus personnellement engagés. Il entreprend actuellement un Master en Film à la HSLU (Haute École d’Art de Lucerne) où il réalise un court-métrage d’animation sur « la solitude dans un monde technolibéral ».